lundi 3 mars 2008

Conférence de presse

Les espèces protégées s'invitent dans les municipales au Grand Toulouse

Conférence de presse
sur les espèces protégées menacées de disparition par le projet d'urbanisation autour de la station de métro de Ramonville.


Donnée par Alexandre Ribéron, Maître de Conférence, Université Paul Sabatier

Le jeudi 6 Mars à 15 heures, au Sentier Nature
(accueil, conférence, visite guidée du lieu)


Les arcanes de la LMSE

En lisant l'étude de de Jean Joachim, j'ai appris aujourd'hui de source officielle, par l'association DIRE, que le bois de Pouciquot était menacé de disparition depuis un bon bout de temps. Une enquête publique concernant la zone boisée proche de la station de métro de Ramonville s'est achevée. Une autre concernant le projet d'écosite, nécessitant de couper le bois qui précède l'Espace des 50 à Ramonville, s'achèvera le 14 Mars. Notez que c'est avant le second tour des municipales. Il est urgent de se mobiliser (contre-projet, justice, presse, VIP).

Lorsque Pouciquot deviendra un chantier, puis un parking bordé de pelouse avec des arbres entre les voitures, il n'y aura de place que pour les pigeons et les tourterelles.

Finalement la LMSE n'est que la partie visible de l'iceberg. C'est un projet d'urbanisme entier, entre Toulouse et Ramonville, qui est en jeu. Lorsque la LMSE aura atteint la station de métro de Ramonville, le bois de Pouciquot sera face à un fait accompli : sa disparition à terme. Car on ne construit pas de grande route vers un no-business land. Le pont de la LMSE sur le canal du midi ne fera qu'amorcer un mouvement. D'ailleurs, pourquoi tant de discrétion de la part du Grand Toulouse ? Pourquoi J.L. Moudenc n'a pas fait de ce projet d'urbanisation un cheval de bataille contre la gauche ?

J'ai le sentiment d'avoir découvert tardivement un secret de polichinelle.

Etude sur les oiseaux du bois Pouciquot

L'auteur est un spécialiste des oiseaux. Il mentionne la présence d'une espèce rare, la marouette ponctuée.


Zone de Pouciquot : quelques éléments sur la faune

18 mai 1998

Avifaune nicheuse

1) zones humides, saulaie salix alba, typhas typha latifolia....

Grèbe castagneux Tachybaptus ruficollis
Râle d'eau Rallus aquaticus
Poule d'eau Gallinula chloropus
Canard colvert Anas platyrhynchos
Martin-pêcheur d'Europe Alcedo atthis
Bouscarle de Cetti Cettia cetti
Rousserolle turdoide Acrocephalus arundinaceus

2) Friches

Faisan de colchide Phasianus colchicus
Bergeronnette grise Motacilla alba
Bergeronnette printanière Motacilla flava
Cisticole des joncs Cisticola juncidis
Hypolaïs polyglotte Hippolais polyglotta
Fauvette grisette Sylvia communis
Traquet pâtre Saxicola torquata
Chardonneret élégant Carduelis carduelis
Linotte mélodieuse Carduelis cannabina
Moineau domestique Passer domesticus
Moineau friquet Passer montanus
Moineau soulcie Petronia petronia
Bruant zizi Emberiza cirlus
Bruant proyer Miliaria calandra

3) Bosquet, parc

Milan noir Milvus migrans
Epervier d'Europe Accipiter nisus
Buse variable Buteo buteo
Faucon crécerelle Falco tinnunculus
Tourterelle turque Streptopelia decaocto
Tourterelle des Bois Streptopelia turtur
Pigeon ramier Columba palumbus
Coucou gris Cuculus canorus
Chouette hulotte Strix aluco
Huppe fasciée Upupa epos
Torcol fourmilier Jynx torquilla
Pic épeichette Dendrocopos minor
Pic épeiche Dendrocopos major
Pic vert Picus viridis
Loriot d'Europe Oriolus oriolus
Geai des chênes Garrulus glandarius
Pie bavarde Pica pica
Corneille noire Corvus corone corone
Choucas des tours Corvus monedula
Grimpereau des jardins Certhia brachydactyla
Sittelle torchepot Sitta europaea
Mésange à longue queue Aegithalos caudatus
Mésange charbonnière Parus major
Mésange bleue Parus caeruleus
Troglodyte mignon Troglodytes troglodytes
Gobemouche gris Muscicapa striata
Pouillot véloce Phylloscopus collybita
Pouillot de Bonelli Phylloscopus bonelli
Roitelet triple-bandeau Regulus ignicapilus
Bouscarle de Cetti Cettia cetti
Fauvette à tête noire Sylvia atricapilla
Rouge Gorge Erythacus rubecula
Rossignol philoméle Luscinia megarhynchos
Grive musicienne Turdus philomelos
Merle noir Turdus merula
Etourneau sansonnet Sturnus vulgaris
Pinson des arbres Fringilla coelebs
Serin cini Serinus serinus
Verdier d'Europe Carduelis chloris
Tarin des aulnes Carduelis spinus

On retrouve dans l'ensemble bosquet-parc une avifaune forestière classique pour la région, avifaune particulièrement bien représentée sur le plan spécifique malgré la faible superficie générale.
La proximité de l'alignement des platanes du canal du midi et des boisements résiduels des parcs et côteaux environnants expliquent cela, dans la mesure où quelques haies connectant la zone de Pouciquot au voisinage restent utilisables.

Nicheurs en difficulté ou fortement gènés avec l'élimination actuelle de la mare :

Grébe castagneux
Poule d'eau
Râle d'eau
Marouette ponctuée
Rousserole turdoïde.
Bouscarle de Cetti


Migrateurs

La situation privilégiée de la zone d'étude a permis au cours des 10 derniéres années de contacter plus de 120 espèces. (La liste régionale comprend 310 espèces pour les 20 dernières années).

La migration de printemps est moins spectaculaire que la migration post nuptiale. Elle est surtout marquée par la présence et le stationnement important de nombreux pouillots fitis, véloce, de Bonelli et même siffleur, fauvettes à tête noire, hypolaïs, rougequeue à front blanc, gobemouche noir et gobemouche gris ...etc de mi avril à mi juin.

Les espèces suivantes sont observées réguliérement :

Bondrée apivore Pernis apivorus
Milan noir Milvus migrans
Faucon pélerin Falco peregrinus
Hirondelle de cheminée Hirundo rustica
Pipit des arbres Anthus trivialis
Bergeronnette grise Motacilla alba
Gorgebleue à miroir Luscinia svecica
Phragmite des joncs Acrocephalus choenobaenus
Fauvette des jardins Sylvia borin
Mésange à moustaches Panurus biarmicus
Mésange rémiz Remiz pendulinus
Moineau soulcie Petronia petronia


Hivernage

Deux conditions déterminent le stationnement et le statut des oiseaux fréquentant la zone de Pouciquot en hiver :

1) Tranquillité :
Elle nécessite une certaine superficie (distance de fuite) et des activités humaines modérées : absence de chasse, pêche, promenades peu marquées.
Dans la mesure où ces conditions sont remplies, des dortoirs peuvent s'organiser dans les grands arbres principalement, mais aussi dans les typhas, phragmites ou phalaris, mais aussi ronces.

2) Nourriture :
Le facteur trophique est vraisemblablement le facteur limitant principal des capacités d'accueil de notre zone d'étude, toujours pour un problème de superficie insuffisante.

Ainsi, les journées d'hiver nous pouvons rencontrer dans le parc, le bosquet et les friches des espèces comme l'accenteur mouchet Prunella modularis, le pouillot véloce Phylloscopus collybita, le rougegorge, le merle noir, la grive musicienne, la sittelle, les mésanges bleues et charbonnières, le grimpereau des jardins.... Ils sont rejoints le soir par des oiseaux s'aggrègeant en dortoir pour la nuit. Ces dortoirs, souent plurispécifiques rassemblent :

Alouette lulu Lululla arborea
Etourneau sansonnet Sturnus vulgaris
Pinson des arbres Fringilla coelebs
Pinson du nord Fringilla montifringilla
Linotte mélodieuse Carduelis cannabina
Verdier d'europe Carduelis chloris
Tarin des aulnes Carduelis spinus
Serin cini Serinus serinus
Chardonneret élégant Carduelis carduelis
Bruant des roseaux Emberiza schoeniclus
Bruant jaune Emberiza citrinella
Bruant proyer Miliaria calandra

...etc.

Ce sont cependant les corneilles noires et choucas des tours qui forment ici les dortoirs les plus spectaculaires : plus de 500 corneilles s'y rassemblent tous les soirs de novembre à mars (il n'en reste qu'environ 60 le reste de l'année). Souvent avec les corneilles, les choucas subissent les mêmes variations saisonnières d'effectif, passant de 250 en hiver à 30 en été.

Bref historique pouvant expliquer la présence de la marouette ponctuée dans le secteur d'étude :

Cette ébauche rend compte des observations de Georges Janeau, François Spitz et Gilbert Valet (INRA, Lab. de la Faune Sauvage) vers la fin des années 1970. A cette époque, l'ensemble de la zone d'activité du canal à Ramonville était une dépression marécageuse extensive avec mares et prairies. De nombreux oiseaux aquatiques fréquentaient le secteur comme les poules d'eau, râles et marouettes. les prairies étaient aux époques de migration fréquentées par les bécassines, bécasses, courlis cendrés et même l'outarde canepetière. Le secteur faisait partie d'un grand ensemble prairial humide partant de Ramonville-Castanet et Labège, longeant la vallée de l'Hers mort jusqu'au delà d' Escalquens.
L'urbanisme actuel à bien changé les choses, ne laissant que çà et là des zones humides oubliées et quelques prairies toujours fréquentés par la faune sédentaire et de passage.

Voici le paragraphe consacré à la Marouette ponctuée dans le récent Atals des Oiseaux nicheurs de Midi-Pyrénées (Joachim, Bousquet & Fauré, 1997) :



Marouette ponctuée
Porzana porzana


De catégorie faunistique européenne, débordant à peine sur les plaines de Sibérie occidentale, la Marouette pontuée est très sporadique en France et tout à fait anecdotique en Midi-Pyrénées.
Deux indices "possible" sont relatifs à l'observation d'individus isolés en période possible de nidification. Ils viennent pour l'un du Tarn, gravières près de l'Agout, pour l'autre du Tarn-et-Garonne, zones humides en amont du confluent Tarn-Garonne. Un indice certain sur un bras-mort de la Garonne près de Grisolles (82) figurait déjà sur le premier atlas national des oiseaux nicheurs (Yeatman, 1976) : observation en juin 1973 d'une famille (Joachim, non publié). L'enquête de 1985 à 1989 a permis de retrouver par hasard cette espèce, non loin de la première observation, dans un autre bras-mort à Grisolles (82) : une famille en juin 1985 (Joachim, non publié).
Une observation hivernale au même endroit, près de Grisolles (82) le 27-12-1982 (Joachim, in Bousquet, 1984), dans le même bras mort que la première nidification constatée, laisse perplexe au vu du statut migrateur de l'espèce généralement reconnu ! Il est vrai que certaines populations espagnoles sont au moins partiellement sédentaires et des observations hivernales sont reportées d'Angleterre (où l'espèce ne niche pas)(Cramp et al, 1980) mais aussi des Pays-Bas et de Hongrie (Glutz et al, 1973).
En Aquitaine, l'espèce est rencontrée de façon très localisée le long de la Garonne, de l'Adour, de la basse Dordogne, la Gironde, les Landes et les marais littoraux (Boutet et Petit, 1987).



Jean JOACHIM


Références

BOUSQUET J.F. 1984.‑ Notes d'Ornithologie régionale (4). Bull. AROMP, 8 : 56-71. Museum Toulouse.
BOUTET J.Y. & PETIT P.1987,- Atlas des Oiseaux Nicheurs d'Aquitaine CROAP, Bordeaux.
CRAMP S. et al, 1980 - Handbook of the birds of Europe, the Middle-East and North Africa, vol. II, Hawks to Bustards. Oxford University Press, London. pp 555-561.
GLUTZ VON BLOTZHEIM U., BAUER M.K. & BEZZEL E., 1973 : Handbuch der Vögel Mitteleuropas, Band 5, Galliformes und Gruiformes. Akademische Verlaggesellschaft. Wiesbaden. pp 396-416
YEATMAN L. 1976,- Atlas des Oiseaux Nicheurs de France S.O.F. Paris.



N.B. remarques diverses

Le statut du Ragondin Myocastor coypus reste à définir

De même, la couleuvre à collier, comme suggeré en note sur le rapport n'est pas strictement liée aux zones humides : cette espèce développe aussi des populations viables loin de l'eau, malgré l'absence des proies habituellement connues (grenouilles...etc.).




Jean Joachim
INRA-Comportement & Ecologie
de la Faune Sauvage
Administrateur de Nature Midi-Pyrénées
Administrateur de l’Association Régionale
Ornithologique Midi-Pyrénées